Edouard Daladier
AffligĂ© d'une rĂ©putation suspecte _ en particulier Ă cause de sa passivitĂ© Ă la confĂ©rence de Munich oĂč les dĂ©mocraties abandonnĂšrent la TchĂ©coslovaquie _, Edouard Daladier, prĂ©sident du Conseil de la IIIe RĂ©publique Ă plusieurs reprises, ministre de la Guerre au cours des annĂ©es cruciales qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la Seconde Guerre mondiale, demeure pour beaucoup de nos contemporains un simple nom dans les ouvrages d'histoire. Ce qui est un peu court pour juger un homme et son action.La carriĂšre de ce boursier de la RĂ©publique, fils d'un boulanger de Carpentras, agrĂ©gĂ© d'histoire, profondĂ©ment rĂ©publicain et dirigeant Ă©minent du Parti radical, a pourtant connu de multiples moments forts: le Cartel des gauches en , le 6 fĂ©vrier , la constitution du Rassemblement de Front populaire, Munich, bien sĂ»r, en septembre , la dĂ©claration de guerre, l'expĂ©dition de NorvĂšge, l'inique procĂšs de Riom intentĂ© par Vichy pour le charger, avec quelques autres, de tous les pĂ©chĂ©s supposĂ©s avoir causĂ© la dĂ©faite.Peut-ĂȘtre Daladier a-t-il Ă©tĂ© parfois Ă©crasĂ© par l'ampleur de ses tĂąches et de ses responsabilitĂ©s gouvernementales, peut-ĂȘtre a-t-il mal supportĂ© le caractĂšre nĂ©cessairement solitaire de l'exercice du pouvoir dans des circonstances dramatiques, mais on ne peut dĂ©nier Ă cette figure complexe, Ă©nigmatique, secrĂšte de grandes qualitĂ©s intellectuelles et morales, une luciditĂ© et une Ă©nergie manifestes. Son attitude de , en tant que prĂ©sident du Conseil et que responsable du rĂ©armement, oĂč ces qualitĂ©s firent merveille en dĂ©pit d'oppositions jusque dans son propre gouvernement, le montre bien. Quand il dut abandonner le pouvoir (en mars ), il pouvait Ă juste titre considĂ©rer qu'il avait provoquĂ© un sursaut spectaculaire dans la diplomatie, dans la prĂ©paration Ă©conomique Ă la guerre, dans le rĂ©armement et mĂȘme dans les esprits. C'est aller un peu vite en besogne que de le rendre responsable de la dĂ©faite.S'appuyant sur un considĂ©rable travail d'archives en France et Ă l'Ă©tranger, et sur de trĂšs nombreux tĂ©moignages, Elisabeth du RĂ©au Ă©claire voire modifie l'idĂ©e que l'on se fait du rĂŽle de Daladier. Sans laisser ses faiblesses ou ses carences dans l'ombre, elle fait justice d'une lĂ©gende noire que les faits et gestes de son personnage ne confirment pas.Elisabeth du RĂ©au, spĂ©cialiste de l'Ă©tude des relations internationales, est professeur d'histoire contemporaine Ă l'universitĂ© du Maine et enseigne Ă©galement Ă l'Institut d'Ă©tudes politiques de Paris. - Langue: fre - Genre: Biographies historiques POUR UNE HISTOIRE DU XXE SIECLE