Temps du SIDA (Le)
156 pages. Quatrième de couverture: "On annonçait au XIXe siècle, avec beaucoup de vraisemblance, une catastrophe économique qui devait à son tour amener une révolte et en finir avec cette civilisation. L'emprisonnement du sujet vivant a permis son maintien, son extension, sa densification. Un orage plus terrible approche. La poursuite sans fin du système marchand nous entraîne vers un désastre écologique qui va ramener, plus brutalement encore, la catastrophe économique qu'on avait retardée. Certainement, le risque de soulèvement a été réduit. Des hommes vivants ont continué à fabriquer et à consommer ce qui les détruit, simultanément dans leur esprit et dans leur corps. Mais le trafic des émotions, des esprits et des consciences perturbe identiquement la physiologie des êtres vivants; et l'épuisement du sujet enchaîné, du "dieu des armées", a provoqué des maladies nouvelles, tumorales et infectieuses. Un autre malheur est en vue, que le pessimisme d'Orwell n'avait pas osé imaginer, et contre lequel la civilisation marchande ne trouvera pas de parade. Les révoltes se sont éloignées à la vitesse exacte où se rapprochait une catastrophe épidémique. Quand on en connaîtra l'origine, elle ramènera aussi la révolte qu'on croyait matée. L'épidémie de Sida est le produit le plus achevé et le plus terrifiant des conditions sociales issues de la logique marchande. Et les explications scientifiques actuelles relèvent d'une idéologie elle-même liée à la logique de la marchandise. Ainsi la même raison marchande produit, là comme ailleurs, à la fois la totalité du désastre et l'ensemble des idées dominantes le concernant."